Le déconfinement de la culture aux quatre coins de la planète

Murale dans le quartier Villeray, à Montréal © Cecile Gariépy
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Culture Montréal

Plus de deux mois après le déclenchement de la crise sanitaire, Québec amorce doucement son déconfinement.

Vendredi dernier, la ministre de la Culture et des Communications, madame Nathalie Roy, a fait une première série d’annonces concernant la reprise du secteur culturel. Aujourd’hui, à quelques jours des réouvertures autorisées, une question demeure : est-ce possible de concilier culture et distanciation physique ? Pour tenter d’y répondre, pourquoi ne pas jeter un coup d’œil sur les différentes stratégies mises en place ailleurs sur la planète.

Tour d’horizon du déconfinement culturel à travers le globe.

S’adapter pour mieux se relever

Frappé de plein fouet par la pandémie de la COVID-19, le milieu culturel a été l’un des premiers secteurs touchés, et sera très certainement l’un des derniers à reprendre une activité régulière. En attendant, le mot d’ordre est l’adaptation.

Aux États-Unis, plusieurs états ont déjà autorisé la réouverture de leurs musées, dont le Texas, l’Ohio et la Floride. Bien que les consignes varient d’un état à l’autre, la plupart partagent des protocoles de sécurité similaires pour les visiteurs : distance physique, billets réservés à l’avance avec planification des entrées, port du masque imposé, et marquage au sol. En Floride, les institutions ont pour consigne d’opérer à 50 % de leur capacité d’accueil.

Un concert à distance physique s’est tenu dans l’Arkansas le 18 mai dernier, 229 spectateurs masqués, assis sur des chaises disposées à un mètre de distance, pour une salle pouvant normalement accueillir 1 100 personnes.

En Belgique, depuis le 18 mai, ont pu rouvrir les musées et sites patrimoniaux, selon les modalités suivantes : visite individuelle ou en famille uniquement, distanciation sociale de 1,5 mètre, réservation obligatoire, parcours de circulation fléché, et désinfection fréquente du matériel. Les salles de spectacle restent fermées jusqu’à nouvel ordre.

Les médiathèques, bibliothèques et les musées de petite taille rouvrent progressivement en France depuis le 11 mai sous des conditions similaires. Les « grands musées » n’ont malheureusement pas rouvert et verront leur situation réévaluée le 2 juin, de même que les cinémas, les théâtres et les salles de concert.

Du côté du Portugal, où l’épidémie est mieux gérée que dans d’autres pays d’Europe, les théâtres et les cinémas devraient reprendre leurs activités dès le 1er juin, avec une capacité d’accueil réduite et l’obligation de porter un masque pour les visiteurs.

En Allemagne, de belles innovations voient le jour pour s’adapter à la nouvelle conjoncture. Le Musée d’art moderne de Cottbus, premier musée à avoir rouvert le 1er mai, invite les visiteurs à jouer avec les normes de sécurité, et propose de faire la visite par pair en tenant chacun l’extrémité de bâtons de 1m50 afin de respecter la distance minimale imposée dans leur pays.

Les ciné-parcs allemands permettant aux spectateurs de profiter du spectacle tout en sécurité depuis l’intérieur de leurs autos. Des soirées « discothèque » y ont même été improvisées sous ce format, où les coups de klaxon venaient saluer la performance des DJ.

À Vilnius, le maire a décidé d’allouer gratuitement les espaces urbains aux terrasses des cafés et restaurants afin de permettre aux commerçants de reprendre leurs activités tout en respectant la distanciation physique.

Pour ce qui est des grands rassemblements, la plupart de nos voisins outre-Atlantique s’accordent pour dire qu’il est prudent d’attendre la rentrée, à l’automne. De même qu’au Québec, l’Allemagne, la Belgique et la France bannissent de leur agenda culturel les festivals, les grands concerts, les manifestations sportives, et de manière générale tous les rassemblements de plus de 5 000 participants jusqu’au 31 août prochain.

Et le Québec ?

Au Québec, comme partout ailleurs, la reprise sera graduelle et à géométrie variable. Six comités sectoriels ont été mis en place par le Ministère de la Culture et des Communications où les associations professionnelles et regroupements de chacun de ces secteurs collaborent avec la Santé publique et la CNESST pour créer des guides et des protocoles afin de respecter les mesures sanitaires. Ces guides, une fois validés, permettront aux organismes, entreprises et institutions du secteur des arts et de la culture de mettre en place les mesures nécessaires pour reprendre leurs activités en toute sécurité et à leur rythme.

Déjà, la ministre de la Culture Nathalie Roy a annoncé la réouverture des bibliothèques publiques le 29 mai. L’accès sera restreint aux seuls comptoirs de prêt. Les musées, dont la reprise s’effectuera le même jour, ne sont pas soumis à cette restriction de leurs espaces, mais devront suivre les directives en matière de santé publique.

Les studios d’enregistrement pourront ouvrir et la captation vidéo sans public sera permise à partir du 1er juin.

Les ciné-parcs au Québec reprendront bientôt du service également, avec une ouverture prévue le 29 mai, mais probablement dans un format plus classique que ceux proposés en Allemagne.

D’autres annonces suivront au cours des prochaines semaines, notamment pour le secteur de l’audiovisuel et des arts de la scène. Gageons que les initiatives d’ailleurs sauront nous inspirer. Une chose est sûre, cette crise sera documentée, et, qui sait, la postérité des témoignages se retrouvera peut-être dans nos musées dans quelques années…