Il est rare que Culture Montréal, Héritage Montréal et Les amis de la montagne interviennent publiquement de manière commune, même si nos organismes collaborent au quotidien. Les nombreuses réactions qui ont suivi l’inauguration de la promenade Fleuve-Montagne nous ont incités à le faire.
Nous désirons tout d’abord saluer l’initiative de la Ville de Montréal de développer un réseau de promenades urbaines. L’idée de mettre en valeur les grands monuments fondateurs de Montréal et les quartiers de la métropole, en alliant l’appréciation culturelle du territoire, le patrimoine et le transport actif – particulièrement la marche – nous apparaît comme une voie de l’avenir.
La première de ces promenades, inaugurée récemment, présente un trajet qui part du lieu de fondation de Montréal – plus précisément, de la place Royale, à Pointe-à-Callière – et qui se rend jusqu’à l’entrée Peel du parc du Mont-Royal. Même si chacun peut avoir son opinion là-dessus, le trajet retenu nous apparait pleinement justifié.
Un parcours riche d’histoire
Plusieurs des opinions critiques ont fait valoir qu’il n’y avait pas de raison particulière d’emprunter ce trajet spécifique. Tout comme parcourir le Freedom Trail, à Boston, donne le sentiment de mieux comprendre la Révolution américaine, parcourir la promenade Fleuve-Montagne nous permet de mieux comprendre la ville d’hier et d’aujourd’hui.
Le fleuve Saint-Laurent et le mont Royal sont le seul véritable patrimoine qu’il nous reste, comme Montréalais, des origines de notre ville. C’est ce qu’ont vu Jacques Cartier, Samuel de Champlain, Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne-Mance à leur arrivée en Nouvelle-France. Lorsque Jacques-Cartier a accosté à Hochelaga, en 1535, son premier geste a été de grimper sur la montagne, pour bien comprendre où il se trouvait. C’est d’ailleurs lui qui l’a nommée « mont Royal ». Dans dix-huit ans, on commémorera le 500e anniversaire du passage de Jacques Cartier à Hochelaga. Dans une société aussi jeune que la nôtre, célébrer un demi-millénaire est chose rare…
Une œuvre bien amorcée et un immense potentiel
La promenade Fleuve-Montagne représente symboliquement la montée des premiers découvreurs qui, accompagnés de leurs guides autochtones, sont partis du fleuve pour aller jusqu’au sommet de la montagne. Dans cet esprit, nous croyons que la promenade Fleuve-Montagne ne devrait pas s’arrêter au pied de la montagne, mais devrait plutôt se terminer au belvédère Kondiaronk – nommé en l’honneur du chef de la Nation huronne-wendat qui fut l’architecte, avec Hector de Callière, de La Grande Paix de Montréal, en 1701 – où l’on dispose d’une vue incomparable de Montréal et de sa région.
La promenade Fleuve-Montagne offre une excellente occasion d’expliquer aux citoyens montréalais et aux visiteurs ce qu’était Hochelaga, comment Ville-Marie a été fondée et comment elle s’est transformée. Grâce à la magie de la réalité augmentée ou par des visites guidées, il est en effet possible de faire revivre le Parlement du Canada-Uni, le Groupe de Beaver Hall, l’explosion commerciale de la rue Sainte-Catherine, ainsi que de rappeler la bataille majeure qui a été menée pour conserver la vue vers la montagne depuis l’avenue McGill College dans les années 1980. Ces exemples, et bien d’autres, font déjà partie de la promenade Fleuve-Montagne. Il faut seulement leur donner vie.
Nous, de Culture Montréal, d’Héritage Montréal et des Amis de la montagne, invitons la population à venir s’y promener, car nous sommes convaincus que la promenade Fleuve-Montagne a un immense potentiel. À condition de lui injecter de l’âme et du sens.
Valérie Beaulieu Robert Turgeon Sylvie Guilbault
Culture Montréal Héritage Montréal Les amis de la montagne
Montréal, 7 août 2017