Vers un nouveau plan d’urbanisme pour Montréal métropole culturelle — Le Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 de la Ville de Montréal

Vue de l’Est de Montréal © This guy / Unsplash

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Culture Montréal

Après avoir adopté deux plans d’urbanisme, un premier en 1992 puis un second en 2004, la Ville de Montréal a récemment amorcé la préparation de son troisième plan qu’elle intitule Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 (PUM). Avant de traiter des spécificités du PUM et de notre vision pour ce dernier, voyons d’abord ce qu’est un plan d’urbanisme.

Un Plan d’urbanisme et de mobilité, c’est quoi ?

Un plan d’urbanisme est un document qui présente la vision d’avenir d’une ville quant à l’organisation spatiale et physique de son territoire; par exemple, la qualité et le caractère du cadre de vie, la distribution des usages et des équipements ou encore les liens de communication entre eux. Une telle vision s’inscrit dans un horizon défini et s’accompagne d’une stratégie et de moyens d’action pour sa réalisation.

Un plan d’urbanisme est aussi un engagement collectif, une sorte de pacte social qui précise les droits et les responsabilités individuels et collectifs. Dans le cas de Montréal, les arrondissements ainsi que l’ensemble des citoyens et des parties prenantes doivent être mobilisés autour de l’élaboration du plan.

Au Québec, la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) encadre la réalisation des plans d’urbanisme et impose certains devoirs. En effet, les intentions portées par un plan d’urbanisme se traduisent par des règles relatives aux activités et à la forme urbaine. Le plan constitue ainsi la base sur laquelle sont érigés les règlements d’urbanisme. Tant ces derniers que le plan lui-même servent ainsi de références aux projets immobiliers et aux changements d’usages proposés. Ce faisant, il offre un cadre pour la conservation et la consolidation des quartiers valorisés, de leur patrimoine, de leurs espaces publics et de leurs équipements, mais aussi pour la requalification des territoires délaissés. C’est donc dire qu’au-delà de sa portée réglementaire, il interpelle les dimensions culturelles d’une ville.

Rue Sherbrooke © Joy Real /  Unsplash

La mobilité est un enjeu majeur de tout plan d’urbanisme, les déplacements définissant une grande partie des activités d’un individu et donc des relations que celui-ci entretient avec le territoire. La mobilité a donc un effet sur le paysage culturel d’une ville. La Ville de Montréal a choisi d’inscrire le mot « mobilité » dans l’intitulé de son prochain plan d’urbanisme afin d’assurer que l’organisation territoriale montréalaise accorde la priorité à cet enjeu qui dépasse la seule question des modes de transport et leurs infrastructures, en particulier dans le contexte des changements climatiques et de ceux induits par la COVID.

La Ville a choisi l’horizon 2050 pour son futur PUM, après avoir effectué, en 2020, un exercice intitulé Montréal 2030 – plan stratégique, centré sur ses propres pratiques et interventions comme municipalité. Si cet horizon est plus long que celui défini par la LAU, il devrait permettre de réaliser un véritable projet collectif à la condition que l’exercice inclue régulièrement des bilans et des ajustements.

Enfin, l’administration montréalaise a souhaité que le futur PUM s’arrime à la définition d’un « projet de ville » qui s’articule aux trois échelles du territoire urbain, soit le milieu de vie immédiat (le bâtiment et ses abords), le quartier et la métropole.

Quelle place pour la culture et le patrimoine dans le Plan ?

Les activités et les lieux culturels jouent bien sûr un rôle dans la constitution de quartiers vivants et dynamiques. Ils ont également fait la preuve de leur apport à la définition de Montréal comme métropole et à son rayonnement aux plans national et international. C’est le cas également des institutions d’enseignement, des écoles de quartier jusqu’aux universités.

Le patrimoine est partie prenante de ces contributions. D’abord, le patrimoine bâti est l’un des fondements de l’identité de Montréal et de ses quartiers et sa conservation une condition de base au développement durable de la métropole. Et les autres patrimoines – naturel, paysager, mémoriel et archéologique – à la fois confortent cette identité et concourent à la qualité de la vie dans les quartiers, le centre-ville et les autres lieux et pôles qui définissent Montréal.

 

Vue sur le campus de l’Université de Montréal © Tristan Gassert / Unsplash

L’espace public et son aménagement sont aussi des composantes culturelles de l’urbanisme d’une métropole comme Montréal, notamment avec la présence d’art public. Celui-ci constitue un patrimoine artistique et une collection vivante par l’ajout de nouvelles créations. Et il joue un rôle de plus en plus important à titre de marqueur urbain, par exemple pour les entrées de ville.

La culture et le patrimoine sont des dimensions majeures d’un projet de ville. En ce premier quart du siècle, ils présentent des défis particuliers mais également apportent une contribution d’importance à la vision du futur PUM pour que ce dernier soit véritablement de et pour Montréal. Il faudra toutefois s’assurer de les intégrer dans l’ensemble du futur PUM plutôt que de les traiter comme des composantes isolées.

Cette intégration est d’autant plus souhaitable que, dans une démarche portant sur l’aménagement du territoire et dont l’approche relève de la transition, la culture et le patrimoine fournissent des composantes précieuses et irremplaçables : de l’âme et du sens. Cela s’applique à des enjeux variés :

    • la requalification des grands ensembles institutionnels;
    • la requalification du patrimoine religieux;
    • les espaces urbains sous-utilisés ou devenus vacants;
    • la renaissance et la pérennité du centre-ville;
    • l’avenir des rues commerciales de quartier;
    • la redécouverte du fleuve et des tracés du territoire;
    • le transport actif et collectif.

Champs des Possible © Les amis du Champs des Possibles

En somme, il faudra donc inventer des stratégies de réutilisation des espaces extérieurs et construits qui, à la fois, valorisent le droit à l’expérimentation et permettent une consolidation réfléchie et harmonieuse de l’espace urbain à long terme. Toutes les formes de la culture et du développement culturel sont ainsi convoquées dans le processus, tant comme usages que comme pratiques. Toutes les idées sont les bienvenues !

Ce billet a été rédigé par Marie Lessard et Dinu Bumbaru, coprésidents de la Commission permanente du cadre de vie de Culture Montréal, avec la collaboration de Jean-Robert Choquet, membre du CA de Culture Montréal et de Taïka Baillargeon, directrice adjointe des politiques à Héritage Montréal.