La culture au coeur de la transition écologique

par —
Culture Montréal

Au fil du temps, plusieurs termes ont été utilisés pour souligner l’intérêt et l’inquiétude des autorités, des citoyens et des chercheurs concernant le devenir des peuples et de notre planète. L’évolution et la compréhension d’une série de notions ont permis de souligner ce qui semblerait nécessaire pour un avenir prospère et équitable pour tous.  

L’une de ces notions, c’est le développement durable qui cherche à « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Ce concept a été présenté dans le rapport Notre avenir à tous publié en 1987, et adopté par divers pays au Sommet de la Terre, à Rio de Janeiro, en 1992. Cette vision comprend trois dimensions : la croissance économique, l’inclusion sociale et l’équilibre environnemental.  

Dans le cadre du développement durable, le concept de culture a été introduit pour la première fois en 2001, lors de l’adoption de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle par les pays membres de l’UNESCO. Cette déclaration affirme que les forces du marché, elles seules, ne peuvent pas garantir un développement humain pérenne. C’est à travers l’intégration de la culture aux facteurs environnementaux, sociaux et économiques qu’un développement durable peut être envisagé.   

Les États signataires de cette déclaration se sont engagés à intégrer la culture en deux points précis : premièrement, le développement du secteur culturel en soi; et deuxièmement, la garantie que la culture occupe une place légitime dans toutes les politiques publiques, notamment celles liées à l’éducation, l’économie, la science, la communication, l’environnement et la coopération internationale.  

Depuis sa première parution, la notion de culture a évolué au sein du développement durable. En 2004, l’Organisation mondiale de Cités et gouvernements locaux unis a présenté un document nommé l’Agenda 21 de la culture, fondé sur les principes énoncés dans la Déclaration.Dans ce texte, un engagement des villes et des gouvernements est établi pour le développement culturel local. Cette nouvelle vision était le résultat d’une compréhension plus élargie du concept de culture comme porteur de sens, de signification et d’identité pour les communautés de proximité.   

La culture est devenue la clé pour concevoir une nouvelle forme de société à travers quatre approches possibles. La première tend à comparer la durabilité culturelle à la viabilité économique, un projet est durable s’il est capable de se financer. La deuxième, l’impact environnemental de l’action culturelle, tout évènement artistique peut être mesuré selon l’impact qu’il provoque (consommation de ressources, empreinte carbone, etc.). La troisième implique la considération de la pensée écologique comme faisant partie de la culture. Et la quatrième part de la considération de la culture comme un écosystème, et envisage sa relation avec la nature et l’humain. 

Suite à la publication de ces documents internationaux, la Ville de Montréal s’est engagée à incorporer le développement durable et la culture au sein de ses actions. En 2005, elle a intégré cette vision dans sa première politique de développement culturel, en élargissant la question de la pérennité en termes écologique, économique, sociale et aussi culturelle. En plus, la Ville a décidé de faire de la culture une dimension centrale des politiques urbaines, à l’échelle des arrondissements, à travers des plans d’action culturels locaux. 

Pour sa part, c’est en 2011 que le gouvernement du Québec, dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de la création du ministère des Affaires culturelles, a produit une charte d’engagement pour la culture et le développement social nommé l’Agenda 21 de la culture du Québec. Un document d’une douzaine de pages, unique dans le monde à ce moment-là, qui faisait de la culture une composante essentielle pour le devenir de la société, intégrée à l’approche systémique du développement durable.   

Les approches adoptées par la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec ont amené à de nouvelles réflexions pour considérer l’avenir de la société et de l’environnement de manière heuristique. C’est dans cet esprit qu’un nouveau terme est incorporé dans le langage et les actions publiques : la transition écologique.   

Le concept, proposé par le Britannique Rob Hopkins aux alentours de 2005, regroupe un ensemble des principes et des pratiques formés à partir des expérimentations et des observations d’individus et de groupes sur les problématiques de résilience locale, d’économie en boucle et de réduction des émissions de CO2. Cette notion répond à une double préoccupation, d’une part, le fait d’agir de manière à limiter nos actions sur l’environnement, et d’autre part à réfléchir sur un nouveau modèle de société, construite sur l’acceptation de la finitude — non du développement continu — et de la renonciation à la démesure.  

En suivant cette nouvelle approche, en 2019, la Ville de Montréal a décidé de concrétiser ses réflexions et a mis sur pied le Bureau de la transition écologique et de la résilience pour « ancrer la résilience urbaine et communautaire dans un contexte de transformation en profondeur de notre société ». La mission est de transformer les façons de faire du gouvernement municipal pour faire face aux enjeux environnementaux, territoriaux et économiques.   

Si la culture permet de concevoir un monde où toutes les composantes s’articulent autour d’une vision commune, pourra-t-elle s’imbriquer dans le concept de transition écologique pour devenir un facteur central de ressourcement et d’intégration pour un avenir équitable, juste et pérenne pour toutes et tous, incluant les générations futures, comme ce fut le cas avec le développement durable ?  

 

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