Faits saillants — Forum stratégique sur les industries culturelles et créatives

© Rémi Boyer

par —
Culture Montréal

Le 30 novembre dernier a eu lieu le Forum stratégique sur les industries culturelles et créatives organisé dans le cadre du mouvement Relançons Montréal de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), en collaboration avec le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec, Culture Montréal et la Guilde du jeu vidéo du Québec. Certains acteurs clés des sous-secteurs du jeu vidéo, des expériences numériques, de l’audiovisuel, mais aussi du milieu des arts et de la culture, se sont réunis pour discuter des enjeux engendrés ou exacerbés par la pandémie et émettre des recommandations pour le plan de relance.

Renforcer la collaboration au sein de l’action publique

Depuis le début de la crise, des stratégies et des programmes ont été mis en place par les différents paliers gouvernementaux et sociétés d’État, pour soutenir et maintenir ces secteurs d’activité vivants et pérennes. Les intervenants politiques ont souligné les initiatives nées en réponse aux préoccupations et besoins actuels, tels que la PCU, la révision de la Loi sur la radiodiffusion, ou encore la bonification du budget de la SODEC. Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications, a rappelé notamment le budget record pour soutenir la culture de 1,4 milliards. De plus, Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien, a signalé qu’une stratégie de diplomatie culturelle sera préparée. Pour sa part, Nadine Girault, ministre des Relations internationales et de la Francophonie, a insisté sur la disponibilité des 33 représentations du Québec à l’étranger pour la promotion de la culture québécoise. 

Ils ont également signalé que c’est à travers le dialogue et la rencontre qu’un travail intersectoriel a été entamé afin de parvenir à un plan de relance pour les industries culturelles et créatives. C’est un premier pas mais il faudra poursuivre cet effort de concertation essentiel. Ce sera par la préparation d’une offre culturelle exceptionnelle, stimulante et adaptée, élaborée par les talents locaux, à l’aide de sources de revenus diversifiés, qu’on peut penser à la relance. Une relance qui doit se préparer dès maintenant.

Maintenir un coeur créatif vivant, attirer et retenir les talents

Comment soutenir adéquatement le cœur créatif de Montréal, c’est-à-dire les artistes et les créateurs qui vivent dans une précarité accrue et dont 25 % ont abandonné leur pratique depuis le début de la pandémie ? Certaines propositions ont été faites à propos de la nécessité de se doter d’un filet social pour que les artistes puissent continuer à créer, à innover et à expérimenter. À cet effet, il faudra suivre de près la révision de la Loi sur le statut de l’artiste. Aussi, il a été souligné l’importance d’adapter les programmes de soutien gouvernementaux pour qu’ils soient moins rigides, plus agiles et flexibles. Le maintien d’un cœur créatif fort et résilient paraît donc essentiel pour la relance du secteur culturel. À cela s’ajoute la nécessité de renforcer l’attraction et la rétention des talents locaux et internationaux dans les sous-secteurs clés du jeu vidéo et des effets spéciaux. À ce sujet, Martin Goulet de Montréal International et Mikael Damant Sirois de Rodeo FX déplorent un fort ralentissement du recrutement international depuis le début de la pandémie. 

 Propriété intellectuelle ou économie de service ?

La nécessité de soutenir la R&D, l’expérimentation et la création, rétention et valorisation de la propriété intellectuelle fait l’unanimité auprès des différents intervenants du Forum. Denis Doré de Squeeze Studio Animation appelle cependant à la vigilance. Opposer l’économie de service, qui consiste en la réalisation d’une prestation pour un client, à la propriété intellectuelle, c’est-à-dire le développement d’un produit original, est une posture « peu fertile », affirme-t-il. Il est important de poursuivre les deux activités afin de maintenir un écosystème solide. Selon Dominique Lebel, de la boîte montréalaise de jeu vidéo Behaviour, c’est justement grâce à l’offre de services que la compagnie a pu bâtir sa masse salariale, son expertise et son talent, avant de se lancer dans des créations originales. Aujourd’hui l’enjeu est davantage de développer l’intelligence d’affaires et les compétences de marketing et de mise en marché des propriétés intellectuelles. Et le moment semble tout à fait opportun ! 

Pour un regroupement des arts et de la créativité numérique à Montréal

C’est Hugues Sweeney, président du studio Thinkwell, membre de la Commission Montréal numérique de Culture Montréal depuis sa création en 2017, et nouvellement coprésident de XN Québec, qui tenait la dernière Tribune de la journée : Ensemble pour faire rayonner nos industries créatives à l’international. Celui-ci a rappelé l’importance de se doter d’un regroupement formel permettant de renforcer et de maintenir la place de leadership de Montréal en créativité numérique sur la scène internationale. L’invitation est claire et fait converger plusieurs pistes de solutions apportées au courant de la journée. « La créativité numérique est un levier pour l’ensemble du milieu culturel ! », a-t-il déclaré. 

La collaboration aura été sur toutes les lèvres. « On a une force créative ! [Maintenant il s’agit de] mettre le tout ensemble », affirmait Louise Lantagne, présidente et chef de la direction à la SODEC. La démarche même de la CCMM en a fait état, forçant les rencontres entre des univers très différents afin de rechercher les points de convergence.

Pour consulter la dernière version du plan d’action (27 novembre 2020) pour renforcer les industries culturelles et créatives, cliquez ici.

Pour en savoir plus sur les efforts de la Commission Montréal numérique et l’urgence d’un regroupement, visionnez la Table ronde Montréal, capitale de l’art et de la créativité numériques?, tenue lors de Hub MTL le 17 novembre 2020.

 

https://vimeo.com/482857215/6b7a3ad09f