Politique de développement culturel 2025-2030 — Culture Montréal salue les engagements envers l’essor culturel de la métropole

© C. Pomerleau – GRIDSPACE

par —
Culture Montréal

Culture Montréal était présent au dévoilement de la Politique de développement culturel 2025-2030 de Montréal Créer, transformer, unir. Ce document d’envergure, adopté à l’unanimité par le conseil municipal, est le fruit d’un important effort de consultation. Mené sous le leadership du Service de la culture, ce fut un moment de partages et d’échanges enrichissants entre les différentes parties prenantes engagées : culture, communautaire, économique, relève, jeunesse et toute personne intéressée par l’action culturelle locale. La Politique reflète le résultat d’un travail rigoureux de prise en compte des nombreuses opinions reçues dont une reconnaissance plus sentie envers le milieu culturel et ses institutions. Ses engagements ont gagné en clarté depuis le premier projet déposé en septembre 2024 et l’évaluation de leur portée en sera facilitée par l’élaboration d’un tableau de bord.

Néanmoins, quelques questions restent en suspens dans cette vision du développement culturel territorial, parmi lesquelles, la place de la culture scientifique, de l’art public, de la créativité numérique et du tourisme culturel. De plus, l’absence de mesures précises allouées au financement du Conseil des arts de Montréal et à l’essor des festivals est regrettable. Nous suivrons de près ces enjeux alors que les débuts de la Politique se tiendront en pleine période de campagne électorale.

 

Culture Montréal se réjouit de constater l’impact de sa force de proposition sur les priorités établies. Parmi les éléments nouveaux ou qui méritent particulièrement d’être soulignés :

Langue française
La Politique fait place à deux engagements envers la langue française. Le premier est lié à la valorisation de la langue par le biais de ses équipements et programmes. Le second, vise à « créer une identité sonore distinctive en augmentant considérablement la proportion de musique francophone diffusée (…) » dans les espaces publics gérés par la Ville. Ces mesures contribuent par le fait même à la découvrabilité des contenus francophones et apparaissent comme de bonnes pistes pour valoriser une métropole francophone et francophile.

Valorisation de notre histoire et de nos musées
Le déploiement d’un « chantier sur la mise en valeur de l’histoire », en collaboration avec les musées d’histoire, les sociétés d’histoire, les universités et la population, devrait permettre de préserver et valoriser le patrimoine de Montréal, qu’il soit matériel ou immatériel, bâti, paysager, naturel, archéologique ou culturel. La Ville souhaite accompagner également Musée Montréal dans la réalisation du projet de réserve muséale afin d’encourager la mutualisation des expertises et des ressources pour répondre aux besoins grandissants d’espaces exprimés par le milieu muséal montréalais.

Maisons de la culture et bibliothèques
La Ville de Montréal a répondu favorablement à la nécessité de réaliser un état des lieux des bibliothèques pour faire face aux défis qui l’attendent dans un contexte d’explosion des coûts et de pression immobilière. La Politique prévoit la réalisation d’un bilan annuel et d’un diagnostic, aux cinq ans, du réseau des Bibliothèques afin de pouvoir « mesurer les tendances et de comparer Montréal aux autres grandes villes canadiennes ».

Le renforcement du rôle culturel des Maisons de la culture figure également parmi les mesures établies par la consolidation du Programme de soutien aux équipements culturels municipaux et par la poursuite du Programme de mise à niveau des Maisons de la culture. Le maintien des programmes de mise en valeur des bibliothèques et des Maisons de la culture est une autre bonne nouvelle. L’éventualité d’un futur programme de « réaménagement des Bibliothèques existantes » l’est tout autant dans une optique d’équité sociale et territoriale.

Cœur créatif
La Ville précise ses engagements envers son cœur créatif. Elle réaffirme qu’elle est animée par la volonté d’agir comme un « diffuseur exemplaire » pour les artistes, créatrices et créateurs et souhaite renforcer l’accessibilité universelle des lieux de diffusion municipaux afin de mieux accueillir sa population à l’échelle du territoire. De plus, elle entend « revoir les pratiques d’accueil et de rémunération des artistes pour maintenir l’offre et enrichir la diversité des propositions artistiques offertes aux citoyennes et citoyens (…) ».

Aménagement culturel du territoire
La prochaine Politique trouve une réciprocité dans les documents émis par le Service de l’urbanisme et de la mobilité en continuité avec la publication du Plan d’urbanisme de de mobilité (PUM) 2050. Le Service de la culture affirme ainsi que « l’expertise culturelle » soutiendra « la gouvernance des secteurs d’opportunité identifiés dans le PUM », ainsi que « l’identification des priorités d’intervention du secteur emblématique du Vieux-Montréal et des Quartiers inclusifs et résilients (QIR) ». Cela permet d’espérer que le développement du Vieux-Montréal, au cours des prochaines années, ne se limitera pas seulement à l’augmentation de l’espace piétonnisé et s’élargira plutôt du côté de la mise en valeur des patrimoines.

De plus, l’intégration en amont de « (…) la culture et la mise en valeur du patrimoine dans le développement de projets d’aménagement, d’habitation et de mobilité », notamment en lien avec les actions du PUM, permettra d’accroître l’impact de la culture en faveur d’une vitalité culturelle dans les quartiers.

La notion de promenabilité, relayée dans notre mémoire sur le projet de PUM, dans le but de permettre aux citoyennes et citoyens de s’approprier le territoire, se traduit dans la Politique par un accompagnement des « arrondissements dans la mise en place d’une démarche participative visant à élaborer les parcours d’intérêt qui mettront en valeur les qualités paysagères et relieront les différentes composantes identitaires du quartier (espaces publics, équipements publics, etc.) ». L’objectif « Favoriser la requalification, la restauration et le maintien des actifs culturels et patrimoniaux de la Ville » devrait accélérer notamment la reconstruction de la Chapelle historique du Bon-Pasteur, un monument historique, patrimonial et culturel emblématique de la métropole, pour laquelle nous plaidons la reconstruction.

Au moment de célébrer le 50e anniversaire de sa fondation, Héritage Montréal devrait enfin recevoir de la Ville une reconnaissance autre que symbolique, pour le colossal travail réalisé au bénéfice de Montréal depuis 1975.

Rayonnement
Nous soulignons l’engagement envers la mise en place d’une gouvernance inspirée du modèle de l’alliance Montréal, métropole culturelle qui répond à une demande claire du milieu. De plus, Culture Montréal se réjouit de la signature du Manifeste de Braga du Réseau des villes créatives de l’UNESCO. La Ville s’engage ainsi à soutenir l’ajout d’un objectif de développement durable de l’ONU spécifique à la culture et à augmenter ainsi la participation du milieu des affaires dans le soutien à la culture se rapprochant ainsi du ESCG.

Jeunesse
La Ville ajoute des engagements envers la jeunesse à la suite d’une grande mobilisation des jeunes et des parties prenantes œuvrant auprès d’eux. Ces derniers se traduisent par une participation culturelle renforcée des jeunes dans le déploiement de la Politique ainsi que par la mise en place d’un « chantier jeunesse de développement culturel avec les parties prenantes ». La Ville de Montréal a également pour objectif de « renforcer les partenariats avec les secteurs communautaires et scolaires pour enrichir l’offre à la jeunesse », engagements en cohérence avec notre recommandation de renforcer ses liens avec le milieu de l’éducation.

Autochtonie
Nous saluons également l’engagement pris envers les peuples autochtones et l’accent mis sur la volonté de réconciliation et d’implication des peuples autochtones dans la mise en œuvre de cette prochaine Politique. En effet, le déploiement d’une « gouvernance sur la culture et le patrimoine avec des organismes autochtones de différents secteurs » guiderait la mise en œuvre de la Politique. Elle prévoit aussi le « développement de projets structurants par et pour ces communautés » et la poursuite des « actions et (…) collaborations avec les artistes et (…) organismes autochtones pour assurer une meilleure visibilité des cultures autochtones ».

Financement de la Politique
La Politique s’inscrit dans un contexte de crise culturelle, et plus que jamais, la nécessité d’affirmer notre caractère distinctif. Pour ce faire, il est crucial que la Ville de Montréal alloue le financement nécessaire pour mener à bien cette Politique et qu’elle se dote des moyens de ses ambitions. La mise en place d’un plan d’action bien soutenu l’est tout autant pour des résultats concluants à l’échelle du territoire. Pour cette raison, nous nous réjouissons d’une mesure dédiée à l’évaluation des opportunités de financement favorisant « un accès aux arts, à la culture et au patrimoine », notamment via la taxe sur les panneaux d’affichage. Une stratégie de financement défendue par Culture Montréal depuis 2020, à la suite d’une étude.

La mesure visant à « expérimenter de nouveaux modèles d’affaires plus agiles et explorer des leviers financiers pour pérenniser les espaces de création et de diffusion » ainsi que les infrastructures et installations culturelles municipales est une autre bonne nouvelle pour le milieu. Culture Montréal avait d’ailleurs recommandé en ce sens l’application d’un taux de taxe foncière réduit pour les espaces de création permettant de pérenniser les espaces de création, facilitant ainsi la rétention des artistes à Montréal. Nous surveillerons ce dossier tout particulièrement.

Après une lecture attentive de la Politique de développement culturel 2025-2030, quelques questions demeurent :

• Historiquement, la Politique de développement culturel incluait la culture scientifique. Où se retrouve cette dimension, incluant notamment Espace pour la vie ?

• Le tourisme culturel, qui demeure pourtant une priorité significative notamment chez Tourisme Montréal, n’est pas mentionné dans le document, bien que plusieurs de ses composantes y soient identifiées, comme la vie nocturne, la gastronomie et la stratégie hivernale. Est-ce qu’une vision d’ensemble en découlera et si oui, de quelle manière ces éléments seront-ils coordonnés ?

• Le numérique, sans être complètement absent, n’est plus un sujet vedette, alors qu’il coiffait la Politique 2017-2022. Quelle place prendra-t-il dans le déploiement de la Politique 2025-2030 ?

• La place de l’art public est plutôt discrète, sa présence dépassera-t-elle la commémoration ou la mise en valeur des éléments du patrimoine culturel ?

• Le renforcement de l’impact du CAM par une meilleure prévisibilité et enveloppe budgétaire ne figure pas parmi les mesures établies. De quelle manière se traduira l’accompagnement de l’écosystème artistique ?

• Comment la Ville de Montréal soutiendra-t-elle le développement des festivals qui font face à d’importants défis logistiques et financiers de manière récurrente ?

Conclusion

Nous sommes fiers d’avoir contribué à l’élaboration de ce document stratégique et d’avoir participé à cette consultation publique, que ce soit par notre présence au comité de pilotage aux tout premiers débuts ainsi que par la formulation de 25 recommandations émises dans notre mémoire sur le projet de Politique de développement culturel 2025-2030.

La Ville de Montréal peut compter sur l’habituelle collaboration de Culture Montréal pour la suite de la mise en œuvre de cette Politique. Nous suivrons de prêt la portée de ces premières mesures qui auront un impact certain en faveur de la vitalité culturelle de notre métropole et de son rayonnement.

Cette Politique s’insère dans un contexte d’élections municipales qui permettra de porter un regard avisé quant à sa mise en œuvre et son financement. Culture Montréal saisira cette opportunité pour rappeler l’importance de la culture dans le développement de Montréal par la publication d’une plateforme culturelle et par la tenue d’un débat électoral. Il s’agit là d’un momentum à saisir pour se mobiliser collectivement.