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PANEL 2 | Quelle contribution des politiques publiques à la philanthropie culturelle ?
Charles Milliard : Président-directeur général – Fédération des chambres de commerce du Québec.
Julien Valmary : Directeur du soutien et de la philanthropie au Conseil des arts de Montréal.
Yvan Gauthier : Conseiller stratégique, Président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal (2013-2020) et du Conseil des arts et des lettres du Québec (2004-2013).
Cyrille Ekwalla : Journaliste et producteur de contenus médias, co-président du conseil d’administration de la Fondation Dynastie.
Animation : Karla Etienne, artiste en danse, gestionnaire culturelle et directrice générale de l’Assemblée canadienne de la danse.
Les quatre invités ont présenté un état des lieux des politiques publiques et échangé sur les freins et les opportunités en matière de développement de la philanthropie culturelle au Québec.
Les programmes de soutien tels que Patrimoine canadien et Mécénat Placement Culture ont notamment permis à un nombre significatif d’organismes culturels de se créer des fonds de dotation (surtout les fonds à perpétuité), d’augmenter le nombre de collectes de fonds et de développer les réseaux de donateurs et de donatrices au Québec.
→ Cependant, Monsieur Gauthier reconnaît que quelques enjeux persistent :
- Les budgets des programmes d’appariement n’ont pas été indexés et n’ont pas suivi la croissance de la demande;
- Les programmes de soutien au mécénat profitent surtout aux organisations déjà bien structurées, mais restent moins accessibles aux organismes dits de la diversité culturelle et autochtones, ainsi que les organisations sur les territoires éloignés des grands centres urbains;
- Le manque de formations et d’expertise dans le milieu subsiste.
Du côté du Conseil des arts de Montréal, plusieurs initiatives ont été mises sur pied afin d’avoir un réel impact sur le terrain : développement d’études sur la philanthropie (Épisode, Rapport de 2020), encouragement au développement philanthropique dans les organisations artistiques via le parrainage fiscal ou encore soutien à la professionnalisation du milieu avec les stages en philanthropie culturelle (organisés en partenariats avec l’Université de Montréal et HEC Montréal). Monsieur Valmary a précisé que l’enjeu de l’équité et de la représentativité des communautés dans les organisations artistiques, incluant les conseils d’administration, s’avère primordial.
Monsieur Ekwala déplore que de nombreuses barrières subsistent pour rejoindre les organisations dirigées par des afro-descendants et des afro-descendantes afin de les inclure dans la discussion sur la philanthropie culturelle. Les organismes dits de la diversité culturelle ont des freins supplémentaires pour permettre leur développement de la philanthropie. Une des problématiques repose notamment sur la communication et l’accès à l’information sur les initiatives existantes. Madame Etienne ajoute que « le principe de communauté est au cœur de nos pratiques, c’est le pont que l’on peut faire avec les communautés » pour entreprendre les premiers pas vers une culture philanthropique.
Pour attirer le milieu des affaires dans le secteur culturel, Monsieur Milliard considère qu’il y a plusieurs opportunités à saisir, à commencer par la valorisation de la qualité exceptionnelle du produit culturel québécois dans le marché international et de la vivacité des arts au Québec. Les entreprises peuvent investir en culture afin de promouvoir la marque employeur et de créer des milieux de travail attrayants. De même que les organisations culturelles constituent un argument de vente pour favoriser l’attractivité dans les régions. Enfin, la reconnaissance de l’importance du bien-être dans la société peut notamment passer par l’expérience artistique et représente un intérêt supplémentaire de la communauté des affaires à l’égard du secteur culturel.
→ La question des initiatives à renforcer et à développer a suscité de nombreuses réflexions, plusieurs actions ont été proposées :
- Indexer et augmenter les programmes existants en fonction de la demande;
- Assurer la promotion des programmes et développer des mesures particulières pour les petites organisations;
- Créer des agents et agentes de développement philanthropique sur le modèle des agents et agentes de développement numérique (ADN);
- Favoriser l’accès à l’information aux communautés qui devraient pouvoir bénéficier des programmes offerts par les organisations gouvernementales, mais qui ne sont pas actuellement desservies;
- Encourager le développement de fonds de dotation dédiés aux organismes culturels des communautés noires;
- Assumer le rôle de leadership et de mutualiste de la part des plus grands « joueurs »;
- S’inspirer du programme de parrainage fiscal par d’autres acteurs du milieu tels que les Conseils régionaux de la culture;
- Valoriser des initiatives de la part des organisations plus établies et structurées par le biais de parrainages pour des campagnes de financement de plus petits organismes;
- Cultiver l’intérêt des donateurs et donatrices pour les organismes dits de la diversité culturelle;
- Développer les compétences en philanthropie culturelle dans les conseils d’administration
pour soutenir les directions générales;
- Favoriser la gouvernance inclusive au sein des conseils d’administration;
- Renforcer la présence d’un comité de gouvernance dans les conseils d’administration;
- Offrir la possibilité aux petites organisations qui n’ont pas de statut d’organisme de bienfaisance (avec un numéro de charité) de recevoir des dons;
- Appuyer la philanthropie dans les PME par le biais de la responsabilité des entreprises (RSE);
- Relancer l’idée de créer une Charte de la philanthropie en partenariat avec la Fédération des Chambres de commerce du Québec;
- Faciliter la rencontre entre les organismes culturels et le milieu des affaires lors des activités des Chambres de commerce;
- Encourager les plus jeunes en faveur du bénévolat et de l’habitude philanthropique.
Pour visionner l’intégralité du panel 2 :